07 janvier 2013

25 Dec: La route pour Jaffna

Après Anuradhapura, nous décidons d'aller directement à Jaffna, sans passer par Mannar, comme l'indiquait notre itinéraire principal aux vues des conditions climatiques: mieux vaut privilégier les grands axes sous la pluie que les petites routes cabossées. Nous avons bien fait car, un Australien qui faisait le tour du Sri Lanka en vélo nous a raconté qu'il avait dû traverser des passages à pied avec de l'eau jusqu'aux cuisses sur la route de Mannar.

Notre trajet de 190km se passera sans encombre -hormis les averses constantes. Le passage aux douanes ne pose aucun problème malgré qu'Olivier n'a pas son visa original; les militaires sont beaucoup moins pointilleux qu'à l'époque du conflit, nous apprécions. Mais reprenons un peu l'historique car vous devez vous demander pourquoi nous passons des douanes! En fait, pendant plusieurs décennies, les Tamouls, regroupés au Nord-Est du Sri Lanka jouissaient d'une autonomie partielle, avait leur propre armée, système éducatif, gouvernement. Donc pour entrer dans cette zone, il fallait passer une sorte de poste frontière. Aujourd'hui, quelques formalités sont maintenues: enregistrement du véhicule et de l'identité des passagers et éventuellement fouille des baguages; c'est surtout un moyen pour le gouvernement de repérer les derniers activistes tamouls libres, bien que je ne sois pas sur qu'il en reste beaucoup.

Petite anecdote d'ailleurs au poste au frontière: les militaires distribuent des prospectus touristiques de la région sinistrée, pour les adeptes du "tourisme de guerre". Il est vrai par ailleurs que nous avons rencontré de nombreuses familles sri-lankaises venues en vacances à Jaffna, pas strictement pour voir les maisons bombardées à vrai dire mais tout simplement parce que cela faisait 30 ans qu'ils n'avaient pas pu accéder à cette zone, soit une bon quart de leur pays. Entre autres, sur cette brochure touristique, il y avait ce site (le seul où nous nous sommes arrêtés car c'est assez surprenant quand même):  
 Oui vous avez bien reconnu, il s'agit d'un château d'eau à terre, suite à des tirs aériens. Objectif: couper les ressources en eau de la ville de Kilinochichi, ancienne capitale administrative du territoire tamoul.

Le reste de la route est plutôt déserte, mises à part les imposantes casernes militaires jalonnant notre chemin. Pour des raisons évidentes de "non provocation", nous n'avons pas pris de photos, ni filmer cette partie du voyage.